BULLETIN N° 37

BULLETIN N° 37

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Description

Le présent Bulletin contient, d’abord, des études sur des sujets divers, en fonction des sujets de recherches individuelles : sur le rôle des femmes, l’image de l’Orient et l’écriture romanesque de Marguerite Yourcenar. Bénédicte Boulanger-Comte invite à réviser l’idée souvent admise d’une misogynie de Marguerite Yourcenar, en analysant la conquête de la mobilité par la femme dans Feux et Nouvelles orientales. Stéphanie Faure-Froger, à partir de Mémoires d’Hadrien, montre, pour sa part, le glissement et le dépassement des catégories sexuelles dans un processus d’universalisation. Avec Rima Boukabous nous revenons à Nouvelles orientales, où la critique montre, dans l’image de l’Orient qui s’en dégage, une volonté de la part de Marguerite Yourcenar de se démarquer de l’orientalisme traditionnel pour accéder à une vision plus authentique. Les deux contributions suivantes portent plus particulièrement sur les modalités de l’écriture romanesque : Juan M. G. Dothas s’intéresse à la description des œuvres d’art (ekphrasis), qui, loin d’être seulement un ornement, participe étroitement à la progression du récit et a valeur signifiante. Abdoulaye Diouf, avec la notion de paratopie que Dominique Maingueneau définit comme « cette appartenance paradoxale [qui] n’est pas l’absence de tout lieu, mais une négociation entre le lieu et le non-lieu, une localisation parasitaire qui vit de l’impossibilité même de se stabiliser »[1], nous conduit dans les arcanes de la narratologie en montrant que les personnages yourcenariens sont dans un “entre-deux” et ne relèvent d’aucun espace spécifique. Suivent l’inventaire de la discothèque de Marguerite Yourcenar à Petite Plaisance établi par Yvon Bernier, qui va permettre d’avoir une idée plus précise des goûts de l’auteur en matière musicale, la rubrique bibliographique tenue par Maria Antonietta Masiello et celle des comptes rendus. À la suite d’une suggestion d’Alexandre Terneuil, Léo Gillet – qui a enseigné la langue et la littérature françaises à la Vrije Universiteit (Université Libre) d’Amsterdam de 1980 à 2004, a en outre été journaliste littéraire au NRC-Handelsblad, un grand quotidien néerlandais, a publié un entretien avec Marguerite Yourcenar à la NRF[2], et vit depuis 2007 à Yogyakarta, en Indonésie – nous propose un dossier sur les rapports de Marguerite Yourcenar avec son éditeur hollandais, Johan Polak et sur ses propres rencontres avec l’écrivain. Ce dossier est complété par la publication de la correspondance croisée entre Marguerite Yourcenar et Jean Polak. On voit par là comment, à partir de relations professionnelles concernant le versement de droits d’auteur et le suivi de publications, se tissent peu à peu des relations d’amitiés. Nous touchons aussi les dernières années de la vie de l’écrivain, où, à côté de l’édification de l’œuvre et dans celle-ci, à côté de la passion des voyages et dans celle-ci, se font de plus en plus présentes, à propos de Jerry Wilson, de Marguerite Yourcenar elle-même et de Johan Polak, maladies, souffrances physiques et morales dans l’ombre de la mort, quand vient le moment où, comme Marguerite Yourcenar l’a si bien fait dire à Hadrien, « [c]ette étroite alliance [entre le corps et l’esprit] commençait à se dissoudre ; mon corps cessait de ne faire qu’un avec ma volonté, avec mon esprit, avec ce qu’il faut bien, maladroitement, que j’appelle mon âme ; le camarade intelligent d’autrefois n’était plus qu’un esclave qui rechigne à sa tâche » (MH, p. 476), et où les êtres qu’on aimait sont arrachés à nous.


[1] Cf. dominique.maingueneau.pagesperso-orange.fr/glossaire.html#Para (consulté le 28-12-2016).

[2] Marguerite YOURCENAR, « Entretien avec Léo Gillet », NRF, n° 507, avril 1995, p. 50-74. Cet entretien eut lieu à la Maison Descartes, à Amsterdam en avril 1986.

Le présent Bulletin contient, d’abord, des études sur des sujets divers, en fonction des sujets de recherches individuelles : sur le rôle des femmes, l’image de l’Orient et l’écriture romanesque de Marguerite Yourcenar. Bénédicte Boulanger-Comte invite à réviser l’idée souvent admise d’une misogynie de Marguerite Yourcenar, en analysant la conquête de la mobilité par la femme dans Feux et Nouvelles orientales. Stéphanie Faure-Froger, à partir de Mémoires d’Hadrien, montre, pour sa part, le glissement et le dépassement des catégories sexuelles dans un processus d’universalisation. Avec Rima Boukabous nous revenons à Nouvelles orientales, où la critique montre, dans l’image de l’Orient qui s’en dégage, une volonté de la part de Marguerite Yourcenar de se démarquer de l’orientalisme traditionnel pour accéder à une vision plus authentique. Les deux contributions suivantes portent plus particulièrement sur les modalités de l’écriture romanesque : Juan M. G. Dothas s’intéresse à la description des œuvres d’art (ekphrasis), qui, loin d’être seulement un ornement, participe étroitement à la progression du récit et a valeur signifiante. Abdoulaye Diouf, avec la notion de paratopie que Dominique Maingueneau définit comme « cette appartenance paradoxale [qui] n’est pas l’absence de tout lieu, mais une négociation entre le lieu et le non-lieu, une localisation parasitaire qui vit de l’impossibilité même de se stabiliser »[1], nous conduit dans les arcanes de la narratologie en montrant que les personnages yourcenariens sont dans un “entre-deux” et ne relèvent d’aucun espace spécifique. Suivent l’inventaire de la discothèque de Marguerite Yourcenar à Petite Plaisance établi par Yvon Bernier, qui va permettre d’avoir une idée plus précise des goûts de l’auteur en matière musicale, la rubrique bibliographique tenue par Maria Antonietta Masiello et celle des comptes rendus. À la suite d’une suggestion d’Alexandre Terneuil, Léo Gillet – qui a enseigné la langue et la littérature françaises à la Vrije Universiteit (Université Libre) d’Amsterdam de 1980 à 2004, a en outre été journaliste littéraire au NRC-Handelsblad, un grand quotidien néerlandais, a publié un entretien avec Marguerite Yourcenar à la NRF[2], et vit depuis 2007 à Yogyakarta, en Indonésie – nous propose un dossier sur les rapports de Marguerite Yourcenar avec son éditeur hollandais, Johan Polak et sur ses propres rencontres avec l’écrivain. Ce dossier est complété par la publication de la correspondance croisée entre Marguerite Yourcenar et Jean Polak. On voit par là comment, à partir de relations professionnelles concernant le versement de droits d’auteur et le suivi de publications, se tissent peu à peu des relations d’amitiés. Nous touchons aussi les dernières années de la vie de l’écrivain, où, à côté de l’édification de l’œuvre et dans celle-ci, à côté de la passion des voyages et dans celle-ci, se font de plus en plus présentes, à propos de Jerry Wilson, de Marguerite Yourcenar elle-même et de Johan Polak, maladies, souffrances physiques et morales dans l’ombre de la mort, quand vient le moment où, comme Marguerite Yourcenar l’a si bien fait dire à Hadrien, « [c]ette étroite alliance [entre le corps et l’esprit] commençait à se dissoudre ; mon corps cessait de ne faire qu’un avec ma volonté, avec mon esprit, avec ce qu’il faut bien, maladroitement, que j’appelle mon âme ; le camarade intelligent d’autrefois n’était plus qu’un esclave qui rechigne à sa tâche » (MH, p. 476), et où les êtres qu’on aimait sont arrachés à nous.


[1] Cf. dominique.maingueneau.pagesperso-orange.fr/glossaire.html#Para (consulté le 28-12-2016).

[2] Marguerite YOURCENAR, « Entretien avec Léo Gillet », NRF, n° 507, avril 1995, p. 50-74. Cet entretien eut lieu à la Maison Descartes, à Amsterdam en avril 1986.

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