L’Œuvre au Noir

À partir de 1956, Marguerite Yourcenar commence à travailler sur L’Œuvre au Noir, qu’elle publie seulement en 1968, chez Gallimard, en raison à la fois de l’étendue de ses  recherches, mais aussi de démêlés avec les maisons d’édition. Le cadre temporel est, pour cet ouvrage, la Renaissance. Zénon, être épris de savoir et de liberté, après avoir parcouru le monde, revient dans sa patrie, Bruges, où, médecin, il fait le bien, mais il est condamné au bûcher pour ses opinions religieuses, n’échappant à la sentence, qu’en s’ouvrant les veines dans sa cellule. Les temps ont bien changé depuis Mémoires d’Hadrien  Marguerite Yourcenar est désormais désabusée sur la marche du monde et son pessimisme ira croissant dans Le Labyrinthe du monde. Elle ne croit plus à un ordre harmonieux du monde et il n’est pas anodin que les hasards du calendrier aient fait paraître L’Œuvre au Noir en 1968.

Zénon présente des similitudes avec Hadrien, mais, par sa position dans l’histoire il est plus contestataire, vis-à-vis de l’Université, de la famille (c’est un bâtard), des autorités politiques, de la pensée chrétienne. Si, dans sa jeunesse, Marguerite Yourcenar a conçu Zénon comme un nihiliste, le personnage est devenu plus complexe.

Le titre de l’ouvrage ne renvoie pas à des opérations alchimiques sur la matière : il ne s’agit pas de trouver le moyen de fabriquer à bon compte de l’or ; mais il désigne « symboliquement des épreuves de l’esprit s’épurant lui-même ». « l’œuvre au noir, c’est-à-dire la période de dissolution et de calcination de tous les concepts, tous les préjugés, toutes les notions sur lesquels nous avons accoutumé de vivre » (Entretiens radiophoniques avec P. de Rosbo, p. 120). Zénon, après son expérience du monde, lui qui était parti à la recherche de son moi, a découvert que tout est autre. Il a eu accès à la pensée orientale grâce à un Iranien, Darazi, qui a pratiqué en Inde « des méthodes de méditation de type yogistique et tantrique » (ibid., p. 118). Zénon a voulu aller au-delà des concepts et des sensations habituels de son monde, et il a même tenté de dépasser l’humain.

Il est, selon Marguerite Yourcenar, allé plus loin que l’œuvre au noir, atteignant les deux autres phases de l’opération alchimique : – l’œuvre au blanc, « cette période de purification et de service » (ER, p. 127). Il devient ainsi, après son retour à Bruges, médecin des pauvres, lui qui, au début de sa vie, négligeait les autres. Il pratique même la charité, amis sans y penser, car « puisque Zénon s’est “dissipé comme une cendre au vent”, l’antithèse égoïsme-charité n’existe plsu pour lui » (ER, p. 128). – l’œuvre au rouge, « approfondissement extatique de al connaissance intérieure, se prioduit aussi pour lui sans qu’il s’en rende consciemment compte, au moment de la mort, et peut-être par-delà la mort, au moment où nous quittons Zénon » (ER, p. 128).

« La conversation à Innsbruck », La Nouvelle Revue Française, 141, 1er septembre 1964, p. 399-419.

« L’œuvre au noir. Les derniers voyages de Zénon », Livres de France, 5, mai 1964), p. 8-10.

« La mort à Münster », La Nouvelle Revue Française, 149, 1er mai 1965), p. 859-875.

« Les temps troublés », La Revue Générale Belge, 6, juin 1965, p. 15-30.

« Carnets de notes de L’Œuvre au noir », La Nouvelle Revue Française, 452, sept. 1990, p. 38-53.

« Carnets de notes de L’Œuvre au noir », La Nouvelle Revue Française, 453, oct. 1990), p. 54-67.

Traduction

« Reflections on the Composition of The Abyss », précédé d’une « Note » d’Yvon Bernier, trad. de Daniel Sloate, LittéRéalité, 1993, vol. 5, n. 1, p. 13-40.

L’Œuvre au noir, Paris, Gallimard, 1968, 340 p. coll. Blanche.

L’Œuvre au noir, Paris, Gallimard, 1969, coll. Soleil.

L’Œuvre au noir, Paris, Le Livre de Poche, 1971, 384 p., n° 3127.

L’Œuvre au noir, Paris, Gallimard, 1976, Folio, 798.

L’Œuvre au noir, Paris, Gallimard, 1980, coll. Blanche.

L’Œuvre au noir, in Œuvres romanesques, Paris, Gallimard, 1982 (19882 ; 19913), 1243 p. La Pléiade, 303.

Traductions Opus nigrum, traduction espagnole par Emma CALATAYUD, Barcelone, Debolsillo, 2016, 448 p. [rééd.] Het hermetisch zwart, trad. néerlandaise de L’Œuvre au Noir par Jenny TUIN, Amsterdam, Athenaeum, 2017, 368 p. [rééd.]

« De Flandre et d’ailleurs. La fête à Dranoutre », La Voix du Nord, 30 juillet 1988

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