Le Mystère d’Alceste

Dans Le Mystère d’Alceste, par-delà les échos d’Euripide, Alceste est loin d’être l’épouse parfaite de la tradition ; dans la mythologie, Alceste est la seule personne qui accepte de sauver de la mort son époux Admète en consentant à mourir à sa place ; chez Marguerite Yourcenar, elle se sacrifie surtout parce qu’elle est insatisfaite : en effet, à l’absolu de la passion s’est opposé un autre absolu, celui de la quête spirituelle d’Admète ; l’époux d’Alceste entend se consacrer à Apollon et à la poésie ; une sorte d’incommunicabilité s’est ainsi installée entre les deux époux, et la mort d’Alceste est une forme de suicide, par dépit amoureux. Alceste est une épouse qui s’estime délaissée, et, comme bien des héroïnes de Feux, elle préfère la mort. Héraklès, comme dans la tradition, va l’arracher à la mort, mais les motivations sont tout autres : le héros n’a pas tant à combattre la Mort que l’obstination d’Alceste qui se défie de la profondeur des sentiments de son mari pour elles. Et l’on voit le séducteur Héraklès déployer toute son ingéniosité pour ramener l’épouse à la vie… conjugale. Là encore ce sont des thèmes chers à Marguerite Yourcenar à l’époque, comme le trio constitué de A qui aime B qui aime C (en l’occurrence Alceste qui aime Admète qui tout en l’aimant aime davantage la poésie), ou des thèmes qui perdureront dans son œuvre comme l’interrogation sur la mort, le rapport au sacré.

« Mythologie II – Alceste », Les Lettres Françaises (Buenos Aires), 14, 1er oct. 1944, p. 33-40.

« Le Mystère d’Alceste (fragments) », Cahiers du Sud, 284, 1947, p. 576-601.

« Le Mystère d’Alceste. Pièce en un acte », La Revue de Paris, 70, 5, mai 1963, p.13-36.

Le Mystère d’Alceste, suivi de : Qui n’a pas son Minotaure ?, Paris, Plon, 1963, 277 p. [publication en volume des deux pièces et des préfaces) (p.11-45 : « Examen d’Alceste » ; p.155-180 : « Thésée : aspects d’une légende et fragment d’une autobiographie »].

Théâtre II : Électre ou la Chute des masquesLe Mystère d’AlcesteQui n’a pas son Minotaure ?, Paris, Gallimard, 1971, 231 p., coll. Blanche.

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