Électre ou la Chute des masques
Électre ou la Chute des masques
Dans Électre ou la Chute des masques, comme chez les tragiques grecs, Électre poursuit de sa haine sa mère Clytemnestre et Égisthe l’amant de sa mère qui ont fomenté l’assassinat du roi Agamemnon, époux de Clytemnestre, à son retour victorieux de la guerre de Troie ; elle entend communiquer à son frère Oreste le désir de venger le père assassiné. Égisthe et Clytemnestre vont ainsi être exécutés par le frère et la sœur. Mais si la trame dramatique est pour ainsi dire inchangée, les motivations changent par rapport à la tragédie grecque. On retrouve la question de l’identité, chère à notre auteur à cette époque-là. Les personnages tout au long de la pièce apprennent à se connaître : ainsi, quoi qu’elle en ait, Électre est amenée à reconnaître que la haine qu’elle éprouve pour sa mère cache un amour inavoué pour Égisthe ; elle ne hait pas tant sa mère parce qu’elle a assassiné son père, que parce que celle-ci est l’amante d’Égisthe dont elle-même est amoureuse, – amoureuse d’une manière si secrète qu’elle l’ignorait jusqu’à ce que Clytemnestre lui ouvre les yeux ; et Oreste en assassinant l’amant de sa mère, bien loin de venger son propre père, le tue, car il apprend in extremis qu’il n’est pas le fils d’Agamemnon, mais le fruit des amours illégitimes de Clytemnestre et d’Égisthe ; ne supportant pas cette découverte et pour rester à jamais le frère d’Électre, il va jusqu’au bout de la volonté d’Électre. La détermination monolithique d’Électre est telle que le double meurtre s’accomplit, mais les motivations psychologiques en sont très complexes. Il s’avère que Clytemnestre est tuée par jalousie (la jalousie de sa fille qui lui reproche de vivre la relation qu’elle voudrait pour elle-même avec Égisthe) ; et Égisthe meurt de ce qu’Oreste ne veut pas s’identifier à ce père qu’il découvre in extremis alors qu’Électre n’a cessé de lui présenter l’image idéalisée d’un autre père, Agamemnon.
« Électre ou la Chute des masques », Le milieu du siècle, coll.dirigée par Roger Lannes, Paris, Janin, n°1, 1947, p. 23-66.
« Électre ou la Chute des masques », La Table Ronde, 65, mai 1953, p. 45-47.
« Carnet de Notes d’Électre », Théâtre de France, IV, Paris, Les Publications de France, 1954, p. 27-29.
Électre ou la Chute des masques, Paris, Plon, 1954, XXXIV + 135 p.
Électre ou la Chute des masques, nouv. tirage, Paris, Plon, 1965, XXXIV + 134 p.
Théâtre II : Électre ou la Chute des masques, Le Mystère d’Alceste, Qui n’a pas son Minotaure ?, Paris, Gallimard, 1971, 231 p., coll. Blanche.